La fuite de Lilith

J'ouvre un oeil ; puis l'autre. Je suis seule. Je suis dans une salle vide et noire, balayé par un faisceau vert. J'ai peur, j'ai froid. Je suis coincé dans un espèce de tube assez large, qu'on appelle "le vitae artificialis". Tout autour de moi, il y a de l'eau. Sale et remplie de produits chimiques nocifs. Je suis dans l'eau, mais je respire. C'est étrange, car ce n'est pas un pouvoir.

Mais le vitae artificialis est comme ça. On y fait entrer un Diclonius, puis on remplit l'espace confiné d'eau. ça permet d'analyser ses organes et son corps sans le toucher. C'est ce que les scientifiques font quand ils sont occupés avec d'autres Diclonius.

Je déteste ça. Je suis seule, j'ai froid, j'ai mal. J'ai froid, car je suis vêtue d'une simple chemise et d'un short. Déchirés, collants, mouillés. Mais je devrais être contente, car beaucoup de Diclonius enfermés dans des laboratoires sont nus.

Des chaînes sont attachées à mes poignées et à mes chevilles. Je ne sais pas d'où elles sortent, mais je n'ai pas la force de regarder ailleurs que devant moi.

Je suis seule. Je n'entends que le silence.

Mais j'entends aussi des bruits de pas, au dehors de la salle où je suis enfermée. ça se rapproche. La porte de la salle s'ouvre et quelqu'un entre.

Ce quelqu'un n'est pas n'importe qui : c'est le Dr. Kawashima, le scientifique chargé de s'occuper de moi. Je le déteste. Comme tous les autres scientifiques et humains. Il n'est pas plus doux avec moi qu'avec un criminel.

Quand il entre dans la salle, deux agents de la sécurité le suivent. Je crois que ce sont les nouveaux chargés de me surveiller. J'ai tué les deux anciens parce qu'ils m'avaient traitée de monstre.

- Voilà, c'est ici, dit le Dr. Kawashima en s'adressant au deux agents. Je vous explique les règles. Ne la provoquez pas ; ne lui ouvrez pas le vitae artificialis, même si elle vous met sous pression ; ne vous exécutez pas si elle vous demande quelque chose - allez d'abord demander à l'un de mes collègues ; ne l'insultez pas et faites très attention ! Elle n'a pas l'air comme ça, même elle est capable de tout !

Sur ce, le Dr. Kawashima donne les clés de la salle et du vitae artificalis à l'un des deux agents, puis il sort de la pièce. L'agent qui a les clés se précipite sur la porte de la salle pour le fermer à clé. L'autre agent s'assoie sur le sol, adossé contre le mur.

- Eh bien ! s'exclame l'agent qui a les clés. Je pensais qu'ils nous donneraient la charge d'un fille horrible et criminelle, mais au lieu de ça, on se récolte une fillette !

L'autre agent hoche de la tête, sort une pièce de sa poche et se met à la regarder sous tous les angles. Quel jeu stupide ! Les humains sont-ils tous aussi avares de l'argent ?

Toc, toc ! Je tape des petits coups légers contre la vitre du vitae artificalis pour attirer l'attention de l'agent qui a les clés.

L'intéressé tourne la tête pour me regarder. Alors, je montre du doigt la serrure de l'ouverture du vitae artificialis. J'essaie de lui faire comprendre qu'il doit me l'ouvrir. L'agent réfléchit un instant, puis secoue la tête.

Quoi ?!! Il ose me dire non ?!!

Je soupire. Des bulles s'échappent de ma bouche. Alors, ma gorge me brûle. J'ai mal, je souffre, mais je ne laisse rien paraître. Je regarde l'agent de la sécuirté qui est assis au sol, adossé contre le mur. Puis j'y pense ; j'y pense fort.

Et clac !

Sa tête éclate. Son sang se répand sur le sol comme une traînée de poudre.

L'agent qui a les clés me regarde. Il est effrayé, je le sais. Il y a une expression de stupeur qui se dessine sur son visage. Il sort son pistolet et le braque sur moi. Puis il recule, ne me quittant pas de yeux. Quand il atteint enfin la porte de la salle, il essaie de l'ouvrir. Mais il n'y arrive pas : elle est fermée à clé.

Je souris. Je pense : "Alors ? Qu'est-ce que ça fait de se retrouver enfermé à son tour ?".

Avec mes pouvoir telekinesistes, je fais voler la clé qui ouvre le vitae artificialis. Elle vole lentement en ma direction. Mais l'agent, malgré sa peur, tire sur la clé. Elle éclate en morceaux, qui s'éparpillent sur le sol.

Je regarde l'agent. Je suis furieuse ; je le déteste.

Je regarde les morceaux de la clé. Je peux y faire quelque chose, j'en suis sûre. Alors, toujours avec mes pouvoirs telekinesistes, je fais voler les morceaux, je les recolle, je reconstitue une clé. Puis je la fais voler vers moi.

Elle entre dans la serrure de l'ouverture du vitae artfificialis ; tourne lentement. L'ouverture s'ouvre. Je suis libre.

Je saute sur le sol, puis je relève lentement la tête pour regarder l'agent de la sécurité. Il est contre la porte, son pistolet toujours pointé sur moi. Mais il a peur. Il tremble. Je lui dis :
- Ne t'inquiète pas. Je vais te tuer, et tout sera fini. Tu n'auras plus à t'en faire, car tu n'auras plus jamais peur. Reste tranquille : ça ne prendra que quelques secondes.
Puis j'y pense. J'y pense fort.

Et clac !

Sa tâte éclate ; son corps s'effondre sur le sol, inanimé. La porte est éclaboussée de sang. Mais ça n'a aucune importance, car c'est le sang d'un humain.

Mes pieds sont trempés, car toute l'eau sale du vitae artficialis s'est déversée sur le sol. Mais je n'y prête pas attention. Avec mes vecteurs, je tranche les chaînes qui me lacéraient les poignées et les chevilles . Je m'avance lentement vers la porte de la salle dans laquelle je suis enfermée.

Je m'appuie contre cette porte, puis j'ouvre la bouche et je lèche le sang. Pour d'autres c'est certainement écoeurant, mais pas pour moi. J'aime le sang, c'est tout. Mais je ne bois pas le sang humain : je ne le lape qu'une seule fois.

Sur le moment, j'ai lapé une fois, alors j'ai arrêté. Avec mes pouvoirs telekinesistes, je fais lentement voler la clé de la porte de la salle. La clé, entre dans la serrure, puis tourne lentement. La porte s'ouvre.

J'ai gagné. Je suis libre.

Je sors de la salle. En marchant, quelques gouttes de mon sang se déverse sur le sol. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Mais, une chose est sûre : c'est pour cela que j'avais mal.

J'avance lentement dans les couloirs. Je cherche une sortie.

J'arrive à un croisement. Je regarde à mes droite, car j'ai entendu des voix. Je vois alors Nana passer. Elle est précédée de son cher papa. Je ne sais pas exactement qui il est, car je ne l'ai vu qu'une fois. Et dame Lucy m'en avait également parlé quand nous étions enfermées toutes les deux dans un bloc pour des analyses de notre sang.

J'ai beaucoup de respect et d'admiration pour dame Lucy. Elle me fait peur, mais je l'admire. ça haine envers les humains est tellement immense qu'elle est capable de tout.

Je continue mon chemin tout droit. Enfin, j'arrive à une impasse, mais il y a une porte. Je l'ouvre. Le vent s'engouffre dans le couloir. Que c'est doux de sentir cette caresse tiède sur mon corps mouillé et blessé !

Mais je suis assaillie par le doute : il avait été vraiment très facile de m'échapper... Je suppose que je dois ça à ma discrétion : généralement, quand je tue, je fais ça dans le silence ; je ne parle pas, je n'ai normalement rien à dire.

Je sors dehors, puis je referme la porte derrière moi.

Oui, je suis libre.